Le magazine

L’œuvre la plus ancienne du musée du Louvre

Statue anthropomorphe
Aïn Ghazal (Jordanie)
Modelage en plâtre sur une armature de roseaux. H. : 105 cm
Néolithique acéramique (8200-7000 av. J.-C.)
Musée du Louvre (DAO 96)

Située au cœur du département des Antiquités orientales, dans l’une des salles consacrées au Levant, « elle », c’est la statue d’Aïn Ghazal (« la Source aux Gazelles »), du nom du site en Jordanie où elle a été découverte fortuitement en 1985.

Deux grands dépôts regroupaient une collection unique de 32 statues (simples bustes ou silhouettes en pied) retrouvées face contre terre.
La plus petite mesure une trentaine de centimètres, la plus grande excède à peine un mètre.

Mises au jour dans un état très fragmentaire, elles ont été reconstituées en laboratoire.
Leur mode de fabrication est connu grâce aux empreintes végétales laissées en négatif sur leur face interne.
Il s’agit toujours de la même technique : du plâtre enduit par couches successives sur une armature constituée de plusieurs faisceaux de roseaux liés avec des cordes.
Les statues étaient fabriquées par parties : les jambes d’un côté, la tête et le buste de l’autre.
Après quoi, on assemblait le tout, que l’on faisait sécher le long d’un pieu afin d’éviter que l’ensemble ne se déforme.
Il s’agit donc de statues modelées en plâtre sur une âme de roseaux.

« Elle » repose sur des pieds assez larges dont les orteils sont figurés par des incisions.
Ses jambes sont massives et soutiennent un buste aux bras plaqués le long du corps.
Aucun caractère sexuel n’est indiqué.
Seul son visage a fait l’objet d’un traitement particulier, marqué par une petite bouche incisée qui semble esquisser un léger sourire, un nez pincé, deux renflements au niveau des oreilles et ces deux yeux effilés et légèrement globuleux, soulignés par du bitume.
Ce regard étrange, quelque peu extraterrestre avec ses curieuses pupilles rhombiques, intrigue et interpelle.
A noter, la présence d’une dépression au sommet de la tête, qui indique l’existence à l’origine d’un élément rapporté (peut-être une chevelure ?).

Elle a une drôle d’allure notre statue d’Aïn Ghazal. Pour un peu, on croirait un enfant saisi dans sa marche tranquille, à la cool, les mains dans les poches.
Pourtant, elle n’est plus toute jeune.
Datée de la fin du VIIIe millénaire av. J.-C., à l’époque du néolithique dit acéramique (parce que la terre cuite n’était pas encore inventée), elle a plus de… 9000 ans.

Où se trouvait-elle à cette époque ?
A quelles fins, elle et ses compagnes, ont-elles été fabriquées ?
Qui ou que représentent-elles ? Des hommes ? Des femmes ? Des enfants ? Des ancêtres ? Des êtres surnaturels ?
Nul ne le sait.
De même, pour quelles raisons les a-t-on retrouvées déposées dans des fosses ?
Ont-elles été enfouies intentionnellement après un usage cérémoniel particulier ?
Là encore, le mystère reste entier.

Présentée au Louvre en vertu d’un prêt de 30 ans (tacitement reconductible) accordé par le département des Antiquités de Jordanie, la statue d’Aïn Ghazal est la première œuvre, appartenant à un pays du Proche-Orient, à être exposée dans les collections permanentes du musée.

D'autres cours ou conférences peuvent également vous intéresser ...

Affichage de 33–35 sur 35 résultats