C’est sans doute l’une des découvertes archéologiques les plus importantes faites au Proche-Orient au XXe siècle.
Nous sommes à Nimrud, l’ancienne capitale assyrienne, située dans le nord de l’actuel Iraq. Le roi Assurnazirpal II y fait construire au milieu du IXe siècle avant J.-C. le premier palais assyrien du millénaire, le plus ancien et le plus grand de la ville : le palais Nord-Ouest.
L’édifice est partiellement dégagé par Austen Henry Layard au milieu du XIXe siècle et par Max Mallowan dans les années 1950.
Souhaitant favoriser son accès aux visiteurs, les autorités irakiennes décident de rouvrir le chantier entre 1985 et 2002 (avec une interruption entre 1994 et 2000).
A cette occasion, l’archéologue iraquien Muzahim Mahmud Hussein et son équipe font une découverte spectaculaire dans les sous-sols du bâtiment, mettant au jour les sépultures de quatre reines assyriennes, épouses respectives d’Assurnazirpal II (r. 883-859 av. J.-C.), Salmanazar IV (r. 782-773 av. J.-C.), Tiglath-Phalazar III (r. 745-727 av. J.-C.), Salmanazar V (r. 726-722 avant J.-C.) ou Sargon II (r. 721-705 avant J.-C.).
Les tombes contenaient des trésors d’orfèvrerie absolument fabuleux : plus de 35 kg d’or au total. Parmi les objets les plus emblématiques figure la somptueuse couronne en or de la reine Hama, épouse de Salmanazar IV, véritable chef-d’œuvre orfévré, probablement d’origine anatolienne.
Composé de plus de 140 feuilles de vigne en or, la partie sommitale de l’ornement est soutenue par huit génies féminins tétraptères reposant sur un tour de tête orné d’un décor composé de trois rangées de pavots (à l’origine ornés d’incrustations) qui alternent avec deux rangées de rosettes. De petites grappes de raisin en lapis-lazuli s’égrènent délicatement en partie inférieure.
La mise au jour de ces sépultures royales constitue une découverte extraordinaire, comparable à celle du tombeau de Toutânkhamon ou à celle des tombes royales d’Ur. Malheureusement éclipsées par les deux guerres du Golfe, elles auraient légitimement mérité une meilleure renommée.
Le palais Nord-Ouest ayant été détruit à l’explosif en mars 2015 par l’Etat islamique, le travail accompli par Muzahim Mahmud Hussein est aujourd’hui réduit à néant et il n’en reste plus pour témoin qu’un seul ouvrage publié en 2016, le seul disponible sur ce sujet : « Nimrud. The queens’ tombs », consultable et téléchargeable sur le site de l’Institute for the Study of Ancient Cultures (ISAC) de l’Université de Chicago :
https://isac.uchicago.edu/sites/default/files/uploads/shared/docs/misc-2016-Nimrud-Queens-Tombs-web.pdf
Quant aux objets, ils ont été miraculeusement préservés, mis à l’abri dès 1991, dans des caisses cachées dans une chambre forte dans les sous-sols de la Banque centrale de Bagdad.
Malgré l’inondation causée par une tentative d’effraction en 2003, l’essentiel du trésor a pu être sauvé et, pour faire taire les rumeurs, présenté au musée d’Irak de Bagdad le 3 juillet 2003, avant d’être à nouveau emballé et placé en lieu sûr.