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Les peintures méconnues (et bien cachées) de Pétra

Vue de l'entrée du biclinium de Sîq el-Bared
© 2023 Astarté Arts et civilisations
Vue de l'intérieur du biclinium de Sîq el-Bared
Les peintures murales se trouvent sur le plafond de la niche du fond, protégée par une grille.
© 2023 Astarté Arts et civilisations
Détail des peintures murales du biclinium de Sîq el-Bared
© 2023 Astarté Arts et civilisations

Mondialement connu pour ses majestueux tombeaux sculptés dans le grès rouge des montagnes du désert jordanien, le site de Pétra l’est beaucoup moins pour les quelques rares vestiges de peintures murales qu’il abrite.

Celles-ci ne sont pas situées à Pétra même, mais sur le site voisin de Sîq el-Bared, à environ 5 kilomètres au nord de l’antique cité caravanière.
L’entrée dans cette petite vallée se fait par un défilé d’environ 20 mètres de long, comparable, à taille réduite, au grand Sîq de Pétra.
A sa sortie, on débouche sur une zone désertique entourée de montagnes creusées, elles aussi, de monuments rupestres, d’où son appellation de « Petite Pétra ».
Là, on y trouve, comme chez sa grande sœur, un certain nombre de tombeaux-temples, de tricliniums (salles à manger pourvues d’une banquette courant sur trois côtés) et d’habitations troglodytes.
L’ensemble est moins impressionnant qu’à Pétra, mais assez bien conservé.

Le principal intérêt du site réside en réalité dans les vestiges peints qui ornent le plafond d’un biclinium (salle à manger à deux banquettes) auquel on accède par un escalier extérieur aux marches usées.
L’emplacement est un peu difficile à trouver la première fois car peu de guides locaux le connaissent et sont en mesure de vous y conduire. Il faut donc s’armer d’un peu de patience et de persévérance pour le chercher. 
Mais une fois l’alcôve trouvée, on y découvre, creusée dans le mur du fond, une niche, aujourd’hui protégée par une grille, dont le plafond abrite en effet de délicates fresques représentant des oiseaux, des insectes et des petits amours évoluant au milieu de rinceaux de vigne et de lierre entrelacés.
L’ensemble est assez lacunaire. Néanmoins, en observant bien, on parvient à distinguer la silhouette d’un petit enfant poupin en train de jouer de l’aulos (une double flûte) tandis qu’un autre, non loin, se tient debout et tire à l’arc pendant qu’un troisième semble cueillir avec espièglerie une généreuse grappe de raisin rouge.
L’iconographie est à l’évidence inspirée de la mythologie gréco-romaine, qui suggère peut-être un culte rendu à Dionysos, dont on sait qu’il était assimilé au grand dieu des Nabatéens, Dushara, à qui cet endroit aurait été consacré.
L’enquête scientifique qui a été menée dans le cadre de la restauration de ces peintures, entre 2006 et 2010, a révélé que du blanc de plomb, du bleu égyptien, du vert cuivré, des minéraux colorés et des colorants organiques ont été appliqués sur un fond gypseux. 
Par ailleurs, des traces de dorure ont été repérées sur quelques feuilles de vigne.

D’après une récente analyse au radiocarbone, effectuée par des spécialistes de l’Université de Yarmouk, ces peintures seraient datées de l’époque romaine, entre 40 avant J.-C. et 25 de notre ère.
Il s’agit de vestiges qui ont une immense signification historique puisqu’ils constituent à ce jour l’exemple le plus important de peintures murales nabatéennes parvenues jusqu’à nous.

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