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Le royaume de Bahreïn : au cœur de l’ancienne civilisation de Dilmun

Catégorie : Actualités | Orient ancien
Qal’at al-Bahreïn
Île de Bahreïn
Entre 2300 av. J.-C. et le XVIe siècle de notre ère
Bahreïn au cœur des routes commerciales antiques
Source : Album d’exposition « De Dilmun à Tylos. Voyage archéologique au royaume de Bahreïn »
Vue partielle des champs de tumuli de Buri
Île de Bahreïn
1950-1800 av. J.-C.
Vue de la salle d’exposition « De Dilmun à Tylos. Voyage archéologique au royaume de Bahreïn »
Musée du Louvre (salle 230)
Durée de l'exposition : 2022-2027

« Ur-Nanshe, roi de Lagash, fils de Gunidu, fils de Gursar, construisit le temple de Ningirsu, construisit le temple de Nanshe, construisit l’Abzubanda… Il fit apporter (à Lagash), par des bateaux de Dilmun, du bois des pays lointains. »
Telle est l’inscription que le roi sumérien Ur-Nanshe fit graver aux alentours de 2500 avant J.-C. sur une plaque perforée, conservée aujourd’hui au musée du Louvre.
Il y fait clairement allusion à une lointaine terre de Dilmun et à l’existence avec elle d’un commerce maritime florissant.
Mais où situer exactement ce fameux pays de Dilmun ?

Dès 1880, Jules Oppert, l’un des déchiffreurs du cunéiforme, l’identifiait à l’île de Bahreïn, située au cœur d’une des grandes routes commerciales de l’Antiquité : le golfe Persique.
Aujourd’hui, c’est le long de la rive occidentale du Golfe, de Koweït à Bahreïn, que l’on situe plus précisément l’antique pays de Dilmun.
Mentionné pour la première fois sur les tablettes mises au jour à Uruk (les plus anciens textes connus de Mésopotamie, datés vers 3300-3200 avant J.-C.), le nom de Dilmun est attesté dans les textes cunéiformes (administratifs et officiels) jusqu’au Ier millénaire avant J.-C.
La mythologie mésopotamienne elle-même s’en fit l’écho, la décrivant à la fois comme une terre bénie des dieux, un « paradis » auquel la civilisation fut octroyée par le dieu Enki et une terre d’immortalité où se retira le survivant du Déluge, le Noé sumérien Ziusudra.

Tombée dans l’oubli pendant près de vingt-cinq siècles, la civilisation de Dilmun a été redécouverte il y a 70 ans, à la faveur des fouilles menées sur le tell de Qal’at al-Bahreïn, sur la côte nord de l’île, par des archéologues danois d’abord, puis par la Mission archéologique française à Bahreïn depuis 1977.
Identifié possiblement à l’ancienne capitale du royaume dilmunite, le site a révélé six strates de vestiges de pierre, attestant une présence humaine ininterrompue depuis 2300 environ avant J.-C. jusqu’au XVIe siècle de notre ère ; une stratigraphie exceptionnelle qui en fait l’un des principaux sites archéologiques de la péninsule arabique.
Le site est classé au Patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2005, tout comme les immenses champs de tumuli funéraires (près de 80 000) qui couvrent l’île de Bahreïn.
De réputation mondiale, le phénomène de concentration est spectaculaire et unique au monde et fait de l’île l’une des plus grandes nécropoles connues de l’Antiquité.

Jusqu’en 2027, le musée du Louvre présente, au cœur du parcours mésopotamien, 74 œuvres provenant de Bahreïn, dans une exposition intitulée « De Dilmun à Tylos. Voyage archéologique au royaume de Bahreïn », qui évoque l’histoire plurimillénaire et la richesse patrimoniale de ce royaume, dont il nous reste encore bien des choses à découvrir.

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