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Le mythe de la Descente d’Inanna (Ishtar) aux Enfers

Plaque dite de « La Reine de la Nuit »
Terre cuite ornée d’un décor en haut-relief. H. : 49,5 cm ; l. : 37 cm de large
Époque paléo-babylonienne, règne de Hammurabi (1792-1750 av. J.-C.) ? 
British Museum (2003,0718.1)
© The Trustees of the British Museum

Parmi les œuvres les plus populaires de la littérature mésopotamienne figure sans conteste le mythe de la Descente d’Inanna (Ishtar) aux Enfers.

Que nous raconte ce récit ?
Un beau jour, Inanna, déesse de la fécondité et de la fertilité, décide de se rendre dans le « monde d’En-Bas », celui des défunts, où règne sa sœur aînée, Ereshkigal.
Pour quelles raisons ? Dans quel but ? Le texte ne le précise pas.
Elle quitte donc les sept grands sanctuaires mésopotamiens où elle avait une résidence et se pare des Sept Pouvoirs dont elle était détentrice.
Ces sept parures éblouissantes et protectrices sont : son Turban, surnommé Couronne-de-la-steppe ; son Module de lazulite (i.e. de lapis-lazuli, la « pierre précieuse » de l’Orient ancien, réservée aux souverains, aux élites et aux divinités) ; son Collier de lazulite ; ses Perles-Couplées, ajustées à son cou ; ses Bracelets d’or ; son Cache-seins « Homme ! Viens ! Viens ! » et son Manteau royal, le pala.
Le chiffre sept est, ici comme ailleurs, symbole de perfection et d’accomplissement.
Toutefois, avant de partir, elle recommande prudemment à son assistante, Ninshubur, de se rendre successivement auprès de trois grands dieux, au cas où elle serait retenue aux Enfers : d’abord Enlil, le souverain des dieux, puis Nanna, le dieu lune, son père, et enfin Enki, le dieu des eaux douces, le plus intelligent et le plus avisé d’entre tous.

Arrivée devant la porte du palais de Ganzer, Inanna exige d’y être introduite sur-le-champ. Mais le portier en chef Pêtû lui somme de patienter quelques instants, le temps d’aller informer la reine des Enfers de sa visite.
Furieuse de la venue de sa sœur, dont elle soupçonne un méchant tour, Ereshkigal ordonne alors à Pêtû de soumettre Inanna à la règle immuable d’accès au monde d’En-bas. Ainsi, à chacune des sept portes du palais, Innana doit se défaire d’une de ses parures talismaniques.

C’est donc une Inanna vulnérable qui se présente devant Ereshkigal, qui décide avec les Sept Juges Infernaux de la garder dans le monde des morts.
Trois jours et trois nuits se passent. Ne voyant pas sa maîtresse revenir, Ninshubur se rend alors auprès des trois grands dieux susnommés pour obtenir leur secours. Mais Enlil et Nanna refusent de venir en aide à la déesse dont ils réprouvent le caractère capricieux. Seul Enki, conscient des effets désastreux que pourrait provoquer sur terre la disparition de la patronne de l’amour, accepte de lui venir en aide. Il crée alors deux invertis, un kurgara et un kalatur, chargés d’apporter à Inanna la nourriture-de-vie et le breuvage-de-vie.

Inanna est ainsi ramenée à la vie.
Mais, au moment où celle-ci s’apprête à quitter le Pays-sans-retour, les Juges Infernaux l’arrêtent et lui rappellent la règle infrangible de ce royaume : nul ne peut le quitter sans y laisser un remplaçant.
Inanna remonte alors sur terre, escortée par un cortège de démons aussi impitoyables qu’incorruptibles, et part en quête de son substitut.
Son choix se portera finalement sur son amant, le berger Dumuzi, qui ne semblait pas très affecté de son absence.
Terrorisé, celui-ci s’enfuit et se réfugie chez sa sœur, la déesse Geshtinanna qui, prise de pitié, propose alors un marché à Inanna : elle et Dumuzi passeront chacun alternativement un semestre par an aux Enfers.

Et c’est ainsi que les anciens Mésopotamiens expliquaient le cycle annuel de la vie végétale.
Ce récit trouvera des échos dans d’autres mythes célèbres du Proche-Orient et du monde méditerranéen, notamment celui de Perséphone.

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