La vaisselle d’argent est l’une des productions les plus abondantes et les plus raffinées de l’art sassanide. D’innombrables exemples en témoignent, à l’instar de ce très belle aiguière partiellement dorée, conservée au musée du Louvre.
Sa panse piriforme est ornée de quatre jeunes femmes vêtues d’une robe vaporeuse dont les mouvements fluides révèlent la sensualité de leur corps. Chacune d’elles esquisse avec grâce un pas de danse sur le côté et tient dans ses mains deux attributs : une couronne et une situle (petit sceau servant à transporter de l’eau ou d’autres liquides) pour la première ; un oiseau type faisan et une fleur merveilleuse pour la deuxième ; un miroir et un pampre de vigne pour la troisième, tandis que la quatrième verse un liquide dans la gueule d’un petit fauve.
Qui sont ces quatre femmes ? Difficile de le savoir. Leur identité a fait l’objet de nombreuses hypothèses. Certains y voient des prêtresses en train de célébrer le culte de l’ancienne déesse perse Anahita. Pour d’autres, il s’agit de simples danseuses prenant part à une cérémonie profane. D’autres encore les considèrent comme des personnifications des Mois et des Saisons, comme attestées dans le monde gréco-romain. A moins qu’il ne s’agisse de figures allégoriques symbolisant les différents aspects du bonheur et de la prospérité.
Les vases sassanides ainsi décorés étaient utilisés pour contenir le vin consommé lors de certaines fêtes, notamment celles qui marquaient le passage des saisons et la renaissance de la nature. La plus importante était la fête de Nowruz (« Nouveau jour » en persan), célébrée lors de l’équinoxe vernal, le 20 ou le 21 mars. Cette cérémonie, dotée d’un puissant symbolisme, fédère toujours de nos jours plus de 300 millions de personnes dans le monde.
