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La parure de tête de la reine Pu’abi

Parure de tête de la reine Pu’abi
Ur (Iraq), "cimetière royal", PG 800
Or, lapis-lazuli, cornaline
Vers 2550-2400 av. J.-C. (époque du DA III)
Musée d’archéologie et d’anthropologie de l’Université de Pennsylvanie (Philadelphie)
© Penn Museum
Télégramme rédigé en latin, adressé par Woolley à l’Université de Pennsylvanie, annonçant la découverte de la tombe de la reine Shubad (Pu’abi).
Tête de lion
PG 800 (cimetière d’Ur)
Argent, lapis-lazuli et coquille - 11 cm de haut sur 12 cm de large
Vers 2550-2400 av. J.-C. (époque du DA III)
Musée d’archéologie et d’anthropologie de l’Université de Pennsylvanie (Philadelphie)
Source : "Treasures from the Royal Tombe of Ur", University of Pennsylvania Museum

Des fouilles historiques

Les fouilles du site d’Ur (Tell al-Muqayyar) sont sans doute les plus célèbres de Mésopotamie. Menées par une Joint Expedition co-organisée par le British Museum et le Musée de l’Université de Pennsylvanie, elles furent dirigées par Sir Leonard Woolley entre 1922 et 1934.
Rendues mondialement célèbres par la découverte d’un cimetière dit royal, elles ont fait l’objet d’une couverture médiatique sans pareille, avec laquelle seule la découverte de la tombe de Toutankhamon par Howard Carter, le 4 novembre 1922, peut rivaliser.

Un cimetière unique en Mésopotamie

Fouillé entre 1926 et 1932, le cimetière d’Ur comprenait près de 1850 tombes réparties sur une zone située au sud-est de l’enceinte sacrée de la ville. Composé le plus souvent de simples fosses, il contenait également seize sépultures particulières. Constituées d’un caveau voûté construit en pierres ou en briques, aménagé au fond d’une fosse, ces sépultures abritaient un mobilier funéraire particulièrement luxueux et de multiples corps mystérieusement inhumés aux côtés des occupants principaux, cas unique de suicides collectifs en Mésopotamie.

La tombe de la nin Pu’abi

Parmi ces tombes dites « royales », l’une des plus spectaculaires est sans nul doute la tombe 800 (PG 800 – Private Grave), connue également sous le nom de « tombe de la reine Pu’abi ».
La sépulture possédait un caveau où reposait le corps d’une femme âgée d’une quarantaine d’années, entourée de trois personnes, et une fosse au milieu de laquelle se trouvait un grand « coffre-armoire » qui contenait probablement à l’origine des textiles.
Heureusement préservée des pilleurs, la sépulture abritait un mobilier funéraire d’une exceptionnelle richesse, telle que Woolley préféra rédiger en latin le télégramme annonçant sa découverte.

Un mobilier funéraire somptueux

Parmi les chefs-d’œuvre mis au jour dans PG 800, figurent entre autres une grande lyre à décor de mosaïque, surnommée « la lyre de la Reine, une abondante vaisselle d’or, d’argent et de pierre, des contenants à cosmétiques, une tête de lion en argent d’un réalisme rarement attesté dans l’art archaïque mésopotamien et d’innombrables bijoux en or, lapis-lazuli et cornaline, qui comptent parmi les plus beaux de toux ceux mis au jour dans les tombes royales d’Ur.

Une parure de tête d’un raffinement extrême

Parmi les réalisations les plus raffinées et délicates figure cette extraordinaire parure de tête, constituée de centaines d’éléments agencés de manière élaborée.
Selon la reconstitution proposée par le musée de l’Université de Pennsylvanie, un long ruban d’or parcourait l’ensemble de la chevelure de la reine, coiffée par ailleurs d’un bandeau de tête en or composé de feuilles de saule et de hêtre ornées chacune d’une petite perle de cornaline.
Bordée en partie inférieure de grands anneaux d’or et en partie supérieure de petites fleurs incrustées de lapis-lazuli et de pâte blanche, cette couronne était surmontée d’un ornement composé de petites fleurs d’or.
Cette somptueuse coiffe était complétée par de grosses boucles d’oreille et d’autres ornements, dont une magnifique « cape » composée d’une cinquantaine de franges constituées  d’une multitude de perles de cornaline, d’agate, de lapis-lazuli, d’or et d’argent dont le scintillement et le tintement devaient contribuer à l’éclat du personnage.

Une reine mystérieuse

A l’évidence, Pu’abi appartenait à l’élite sociale d’Ur. Son nom (Shub-ad en sumérien, Pu-abum en akkadien, « Parole du Père ») et son titre (eresh ou nin, « reine ») sont connus d’après une courte inscription figurant sur l’un des trois sceaux-cylindres retrouvés dans sa tombe.
Qui était-elle ? Son nom n’est pas cité dans la Liste royale sumérienne, un précieux document daté d’environ 2000 avant J.-C. (ou d’un peu après) qui recense toutes les cités et les dynasties qui ont dominé le pays de Sumer depuis l’époque antédiluvienne jusqu’au début du IIe millénaire av. J.-C.
A-t-elle réellement exercé le pouvoir ? Si oui, elle aurait probablement régné avant l’avènement de la première dynastie d’Ur.
A l’image des autres occupants « royaux » du cimetière d’Ur, son identité reste un mystère que des textes, que nous découvrirons peut-être un jour, nous permettront alors d’élucider.

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