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« Je suis Hammurabi, le roi de justice… »

Code de Hammurabi
Suse (nord-ouest de l'Iran)
Basalte. H. : 225 cm de haut ; l. : 79 cm
Époque paléo-babylonienne, première dynastie de Babylone, règne de Hammurabi (1792-1750 av. J.-C.)
Musée du Louvre (Sb 8)
© 2009 GrandPalaisRmn (musée du Louvre) / Franck Raux
Le royaume de Babylone sous Hammurabi
Atlas historique du Proche-Orient ancien
© Cécile Michel et Martin Sauvage
Scène d’investiture : le roi Hammurabi face au dieu Shamash
Détail de l’inscription cunéiforme

Chef-d’œuvre incontournable du département des Antiquités orientales, il se dresse depuis 122 ans au cœur des salles mésopotamiennes du musée du Louvre.

Lui, c’est le Code du grand Hammurabi, sixième souverain de la première dynastie de Babylone, qui a régné pendant 43 ans, entre 1792 et 1750 av. J.-C., un règne exceptionnellement long qui lui a permis de réaliser ses ambitions et ses idéaux.
Roi guerrier, issu d’une tribu de semi-nomades originaires de l’ouest syrien (les Amorrites), doué d’un sens politique et stratégique hors pair, Hammurabi a su constituer, administrer et gouverner un immense royaume qui s’étendait du nord au sud de la Mésopotamie.
Détenteur d’une souveraineté politique incontestée, il est celui qui immortalisa le nom de Babylone, sa capitale, lui conférant une suprématie intellectuelle et religieuse qui lui survivra pendant près de 1500 ans.
Mais surtout, c’est en tant que souverain empreint de justice et d’équité qu’il choisit de passer à l’histoire, léguant à la postérité un testament politique destiné aux princes à venir.

Connu sous le nom de « Code de Hammurabi », le monument se présente sous la forme d’une haute stèle de basalte noire, composée de deux parties : un bas-relief sculpté en partie supérieure et un long texte gravé en cunéiforme sur tout le reste de la surface.
La scène représentée au sommet est une scène d’investiture : Hammurabi (à gauche) reçoit du dieu-Soleil Shamash (assimilé au dieu de la justice), un bâton et un cercle, symboles du pouvoir en Mésopotamie.
Le dieu confère ainsi au souverain le pouvoir de dire et faire appliquer la justice en son nom.
Cette justice est alors énoncée dans un long texte (près de 4 000 lignes à l’origine ; environ 3 500 conservées), qui constitue la raison d’être du monument.
Trois parties le composent : un prologue historique, un recueil de 282 « décisions de justice » et un épilogue lyrique à la gloire de Hammurabi.
Les sentences sont toutes construites suivant la même structure grammaticale : une proposition au conditionnel, introduite par « si » (qui énonce le problème ou le délit), suivie d’une principale au futur (qui indique la solution ou la sanction).
Les chapitres touchent à des sujets très divers, qui couvrent les droits pénal, civil et administratif.
Conformément à la pensée analytique des Mésopotamiens, la formulation du Code est casuistique et ne s’élève jamais du particulier au général.
En ce sens, s’agit-il vraiment d’un « code » ? S’agit-il vraiment de « lois » ?
Le débat n’est pas tranché.
Héritier d’une tradition juridique ancienne (Hammurabi n’est pas le premier souverain mésopotamien à avoir « dit le droit »), ce dernier a cependant innové en introduisant dans ses « sentences équitables » une conception inédite de la réparation des torts, qui consiste à infliger au coupable une peine équivalente au crime qu’il a commis.
Ainsi, peut-on lire au paragraphe 196 : « Si un homme de la classe des notables crève l’œil d’un autre notable, on lui crèvera l’œil. »
Vous l’aurez reconnue : il s’agit de la fameuse loi biblique du Talion, dont figure ici la plus ancienne attestation connue.

Rédigé dans les cinq dernières années du règne de Hammurabi, ce texte est le recueil juridique le plus important et le plus complet du Proche-Orient ancien.
Considéré comme un modèle littéraire, recopié et étudié par des générations de scribes, il constitue par ailleurs une source exceptionnelle d’informations sur la société, la religion, l’économie et l’histoire à l’époque paléo-babylonienne.
Erigée à l’origine dans l’une des grandes villes de Babylonie (peut-être Sippar, la cité sainte du dieu Shamash, ou Babylone ?), la stèle a été prise en butin de guerre au XIIe siècle avant J.-C. et rapportée à Suse, en Iran, où elle fut retrouvée en 1901-1902 par la Délégation archéologique française en Perse, alors dirigée par Jacques de Morgan.
Au terme d’un long voyage par mer, le monument arrive au Louvre en avril 1902.
Il en constitue depuis l’un des chefs-d’œuvre les plus renommés et les plus commentés.

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