Il y a 15000 ans, s’est opéré un changement climatique majeur qui a marqué la fin de la dernière glaciation. Le climat du Proche-Orient est alors devenu plus chaud, plus humide, favorisant le développement d’un certain nombre de céréales sauvages et de légumineuses réparties au sein d’une zone en arc de cercle qui s’étendait de la mer Morte au golfe Persique, en passant par la côte syrienne, le sud de la Turquie, le nord de l’Irak et l’ouest de l’Iran.
C’est au sein de cette zone géographique naturellement privilégiée, connue sous le nom de « Croissant fertile », que s’amorce le long et lent processus de néolithisation dont la première étape fut la sédentarisation, autrement dit la constitution de certains groupes humains en petites unités d’habitat fixe : les premiers villages.
Par ailleurs, le village comprenait un certain nombre de sépultures individuelles, creusées à proximité des habitations. En ces temps très lointains, en effet, il n’existait pas de frontière clairement délimitée entre le monde des vivants et celui des morts.
L’une d’entre elles présente un intérêt exceptionnel : la tombe 104, découverte en 1974.
Celle-ci abritait les restes d’une femme âgée qui reposait couchée sur le côté droit, en position semi-fléchie, la main droite levée à hauteur du front et posée sur un petit animal (un chien ou un loup probablement apprivoisé).
Selon le fouilleur, François Valla, il ne fait pas de doute que les deux corps ont été volontairement enterrés ensemble.
L’animal était âgé de trois à six mois, ce qui laisse à penser qu’il ne s’agissait pas d’un trophée de chasse. En revanche, la disposition des corps semble suggérer qu’il existait une certaine familiarité entre les deux sujets.
Il s’agit à ce jour de la plus ancienne attestation connue d’une relation familière entre l’homme et l’animal, et au-delà, peut-être, de la première domestication animale connue ; nous sommes vers 10000 avant J.-C.
D’un exceptionnel intérêt historique et archéologique, Aïn Mallaha est le plus ancien témoin connu du basculement des sociétés humaines du nomadisme vers la sédentarité, à la veille de l’invention de l’agriculture et de l’élevage.